Le Grand Paris Express, ambitieux projet d’expansion urbaine, se projette au-delà des frontières immédiates des zones qu’il dessert. C’est notamment le cas du Vieux Pays de Goussainville dans le Val-d’Oise… Ce village, délaissé dans les années 1970 à la suite de l’inauguration de l’aéroport Roissy – Charles de Gaulle, s’apprête à connaître une véritable transformation : un projet novateur de tiers-lieu axé sur l’alimentation durable est en gestation, promettant de revitaliser ce territoire. Ce développement sera par ailleurs facilité par une connexion à la ligne 17 du Grand Paris Express, grâce à un service de bus à haut niveau de service, reliant ainsi le Vieux Pays à un réseau de transport plus large. Décryptage !
Sommaire
Val-d’Oise et le Grand Paris : une dynamique de rattrapage en marche
Le Val-d’Oise a longtemps semblé en retrait par rapport à l’élan du Grand Paris, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui… En effet, un plan d’action récent vise à combler le retard de ce département dans le cadre du développement du Grand Paris. Ce plan inclut notamment l’implantation d’un bus à haut niveau de service reliant Goussainville au Parc des expositions de Villepinte, un point de jonction avec la future ligne 17 du Grand Paris Express, qui offrira un accès direct à l’ensemble de la région parisienne sans nécessiter de transit par Paris.
L’arrivée du métro est vue comme un levier majeur pour attirer de nouvelles activités économiques et, par extension, de nouveaux résidents. De plus, elle facilitera l’accès aux zones d’emplois existantes, une perspective encourageante pour les jeunes du nord de la métropole en recherche d’emploi. Sans surprise, cette évolution apporte un véritable vent d’optimisme sur le devenir du territoire. Cela dit, des efforts supplémentaires peuvent encore être entrepris pour maximiser le potentiel de cette région…
Vieux Pays de Goussainville, entre histoire et abandon
Le Vieux Pays de Goussainville, autrefois village rural florissant et cœur historique de la commune du Val-d’Oise, a connu un tournant décisif dans les années 1970. Son destin a été scellé avec l’installation de l’aéroport Charles-de-Gaulle à proximité, à Roissy (Val-d’Oise). Situé dans l’axe direct d’une des pistes de l’aéroport, le Vieux Pays s’est retrouvé dans une zone de forte nuisance sonore.
Face à cette situation, Aéroports de Paris (ADP) a proposé aux habitants du Vieux Pays de racheter leurs maisons, considérant que le quartier allait devenir invivable. Plus de la moitié des résidents concernés ont accepté de partir, laissant derrière eux un village qui comptait alors environ 300 habitants. ADP a procédé au rachat de plus de 70 propriétés, les murant dans l’intention de les démolir. Mais un obstacle majeur a empêché la démolition totale : l’église du village, classée monument historique, nécessitait l’accord de l’architecte des Bâtiments de France pour toute opération de destruction. Or, cet accord n’a jamais été donné, laissant le Vieux Pays dans un état d’abandon partiel, bien qu’il soit considéré comme le quartier le plus charmant de la ville.
Vers un renouveau du Vieux Pays de Goussainville ?
Tous les signes semblent pointer dans cette direction… En 2009, la réflexion sur l’avenir du Vieux Pays de Goussainville prend un tournant significatif, lorsque ADP a cédé ce patrimoine à la municipalité pour un euro symbolique. Mais il aura fallu attendre l’arrivée de la nouvelle équipe municipale en 2020 pour que des actions concrètes soient entreprises… Dans le détail, la première étape a été l’évaluation de l’état des bâtiments et de leur valeur patrimoniale et urbaine, une tâche confiée à un architecte du patrimoine. Cette analyse a révélé que plus de 25 millions d’euros seraient nécessaires pour la réhabilitation.
La seconde phase a impliqué une large consultation avec les habitants pour envisager un avenir pour ce quartier, et c’est de cette concertation est née l’idée de transformer le Vieux Pays en un quartier culturel. L’espace pourrait ainsi accueillir des artistes, un pôle artisanal, ainsi qu’un site dédié à la formation. Qui plus est, un projet de création d’un centre de formation d’apprentis (CFA) spécialisé dans les métiers du patrimoine est également à l’étude.
Par ailleurs, Goussainville se prépare à devenir le théâtre d’un nouveau pôle dédié à l’alimentation durable, situé en face du Vieux Pays. Avec l’installation d’Agoralim par la Semmaris, gestionnaire du marché international de Rungis, à proximité de l’aéroport, la ville envisage de développer un « pôle des restaurations », alliant la restauration du patrimoine d’un côté et la gastronomie de l’autre.
Projet Agoralim : quel impact sur le renouveau du Vieux Pays de Goussainville ?
Aujourd’hui, Goussainville se retrouve au cœur du projet Agoralim, prévu pour se déployer dans plusieurs sites du nord de l’Île-de-France. En effet, la ville est destinée à accueillir le « carreau des producteurs », un espace central où se dérouleront les transactions entre grossistes et détaillants. Dans les faits, cette initiative devrait générer environ 1 500 emplois locaux, représentant un investissement substantiel de 350 millions d’euros de la part de la Semmaris.
Vous l’aurez compris, ce projet d’envergure, déjà bien avancé, promet de transformer radicalement l’image de la région. Dans ce contexte, Goussainville envisage de lier étroitement le Vieux Pays au projet Agoralim, en particulier dans le domaine de l’alimentation durable. Une des idées émergentes à ce niveau est d’intégrer un restaurant d’application lié au CFA dans le Vieux Pays.
Le projet de tiers-lieu au cœur de la réhabilitation du Vieux Pays
Conçu pour être un espace multifonctionnel, le projet de tiers-lieu va accueillir diverses activités culturelles, un bar-restaurant événementiel, et éventuellement des formations axées sur le bien manger. Un des joyaux de ce vieux Goussainville est les écuries de l’ancien château, autrefois propriété des seigneurs de la localité. Dans cette optique, un appel à projets d’urbanisme a été lancé, avec pour objectif d’occuper et de valoriser ce site historique jusqu’au 15 juin. Son ambition ? Utiliser ce tiers-lieu comme point de départ pour une revitalisation qui s’étendra à l’ensemble du village. Et c’est justement cette échelle qui distingue le projet : il ne se limite pas à la rénovation d’un seul bâtiment, mais envisage la transformation d’un village dans son intégralité !
Ouverture prochaine du Vieux Pays de Goussainville au public
L’ambition de la Ville de Goussainville était de rouvrir le site du Vieux Pays au public d’ici la fin de l’année 2023, une anticipation qui s’inscrit dans un contexte déjà actif de renouveau. La preuve avec le retour de la « Fête du Vieux Pays », une tradition locale qui avait été suspendue pendant des années, mais qui a connu une renaissance l’année dernière. En parallèle, on observe des signes concrets de revitalisation, la ville ayant entrepris la restauration de deux bâtiments phares sur la place principale du village. De plus, il existe une collaboration active avec des entrepreneurs privés pour introduire de nouvelles activités économiques au sein du Vieux Pays. Enfin, citons les travaux hydrauliques, prévus en collaboration avec le syndicat local, pour restaurer le cours naturel de la rivière enfouie et réaménager ses abords.